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Get Ready (2001)
Get ready est un disque de rock, le plus rock en tout cas de toute la carrière de New Order. Ce n’est ni At The Drive In ni The Strokes, mais ce n’est pas non plus du Pet Shop Boys essoré au lavoir hétéro-centriste comme on pouvait le craindre, ni même un remake syndical de Republic, dernier album en date des mancuniens, sorti en 1993. Serré et compact, le New Order nouveau bouillonne à l’intérieur d’une sève retrouvée, qui lui irrigue et lui retend les chairs, prête à jaillir à chaque seconde. Crystal, premier single et premier morceau de l’album, ressemble à un tour de chauffe où le groupe s’amuse à inventorier ses gestes fondamentaux : la basse distordue, belliqueuse et inimitable du Capitaine Crochet (Peter Hook), le timbre somnolent de Bernard Sumner, quelques nappages synthétiques entrecoupés de breaks mollement house. 60 miles an hour, possède quant à lui la fière allure d’un bolide partant à l’assaut d’une route cahoteuse, avec un son quasiment live, étrangement rêche et sale. Turn my way, dans sa construction, est un New Order ultra-classique dont l’étrangeté, au final, réside dans l'alchimie délétère suggérée par le mariage des voix dissemblables de Billy Corgan et de Barney. Sur Vicious streak, c’est un beat électronique qui prend le relais du batteur Stephen Morris sur une fausse ballade où Barney, entouré d’un minimum d’effets, en profite pour tricoter l’une de ces mélodies crève-cœur dont il possède l’éternel secret. Emmené par un motif de guitares offensif et une cavalcade de bongos, le cinglant Primitive notion est en son milieu pilloné par une grosse artillerie techno pour une montée en puissance qui rappelle la transe électrogène des derniers Primal Scream. Slow jam sonne encore plus Primal Scream, voire stonien, voire stoogien : New Order fait dans le "vieux désordonné" millésimé début seventies tout en conservant un minimum de sa rigidité endémique. Arrive ensuite Rock the shack, la bombe euphorisante de Get ready, sans doute un hit planétaire en devenir, qui entrechoque big beat et rock sévèrement burné en quatre minutes de pur relâchement potache. Beaucoup plus subtil avec ses effluves de dub electro, Someone like you fait ensuite place à Close range, une satanée pop-song bâtie selon les schémas déposés par New Order durant la seconde moitié des années 80 (période Brotherhood et Technique) et dont ils sont les seuls au monde à maîtriser tous les ressorts et à savoir reproduire les nuances. En guise de coda, New Order débranche la prise de courant, renvoie Primal Scream sur La Planète des singes et déploie le grand jeu : guitares acoustiques, tambourin, mélodica et nuage de cordes pour une ballade splendide et ouvragée comme un papillon de soie. New Order est de nouveau à la hauteur de sa réputation.
Christophe Conte 28 août 2001
Source: Les Inrockuptibles |
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